En juillet 1917, dans un village anglais du Yorkshire, deux jeunes filles photographièrent des fées dans leur jardin. Pendant des années, les gens se sont demandé si les fées de Cottingley étaient bien la preuve d'un autre monde ou une simple plaisanterie enfantine.
Elsie Wright, 16 ans, et sa cousine Frances Griffiths, 10 ans, étaient chez lés Wright, à Cottingley, près de Bradford, dans le Yorkshire. Après avoir joué près du ruisseau, elles rentrèrent mouillées et racontèrent comme excuse qu'elles avaient « joué avec des fées ». Pour le prouver, elles persuadèrent le père d'Elsie de leur prêter son nouvel appareil photo.
La première photo montrait Frances et quatre fées. plus tard, Elsie fut photographiée avec un gnome. En 1919, Wright montra les photos des fées à la Société théosophique locale de Bradford. Elle-même théosophe, elle tendait à croire en un monde spirituel. Après le carnage de la Première Guerre mondiale, nombre de gens s'étaient tournés vers ces croyances.
Pour le théosophe Edward Gardner, il s'agissait bien de la preuve photographique d'une « évolution spirituelle ». À l'été 1920, il demanda aux jeunes filles de recommencer. Avec un autre appareil photo, elles prirent, hors de la vue des adultes, trois nouvelles photos : la première montra Frances avec une fée bondissante : sur la deuxième, Elsie se faisait offrir des fleurs par une fée ; et la troisième était une photo des « Fées prenant un bain de soleil ».
Les photos emballèrent le public. En 1921, l'écrivain et spiritualiste Sir Arthur Conan Doyle, auteur des aventures de Sherlock Holmes, publia les photographies de Cottingley dans un article sur les fées, dans le Strand Magazine. Il décida même d'y consacrer un livre. Gardner et l'occultiste Geoffrey Hodson essayèrent eux-mêmes, mais aucune fée ne leur apparut. Plus tard, les jeunes filles avouèrent s'être moquées de lui.
Les experts n'arrivaient pas à se mettre d'accord au sujet des fées. Étaient-elles réelles ? Si les sceptiques remarquaient qu'elles ressemblaient trop à des «fée d'illustration », avec des coiffures à la mode, leurs défenseurs ne pouvaient croire qu'un personnage aussi éminent que Conan Doyle puisse être dupé par des fillettes.
Les jeunes filles grandirent, se marièrent, vécurent à l'étranger et tombèrent dans l'oubli. Interrogées dans les années 1980, elles avouèrent que les fées étaient une plaisanterie qui, à leur grande surprise, avait été prise au sérieux. Elles avaient découpé les fées dans un livre pour enfants, les avaient fixées avec des épingles à chapeau, puis photographiées. Toutefois, Elsie soutint qu'une photo, la cinquième, était authentique.
Gardner et Conan Doyle demandèrent aux experts de Kodak d'authentifier les photos. Selon eux, bien qu'il n'y ait pas de traces évidentes de trucage, les images n'étaient pas forcément celles de fées réelles. Comme rien de semblable aux fées n'existait. un technicien de Kodak laissa entendre que les photos devaient être truquées d'une manière ou d'une autre.
1983, Elsie, devenue Mme Hill, écrivit à Geoffrey Crawley, qui avait rédigé un article sur les photographies de Cottingley dans le British Journal of Photography. Elle décrivit les photos comme « une farce loupée ».